On est tous à la recherche de façons d'adopter dans nos vies quotidiennes des habitudes plus saines, qu’il s’agisse de bouger davantage, de manger mieux ou de trouver un petit équilibre.

Mais on n'a jamais été autant bombardé de messages mixtes sur la santé et le bien-être, tout comme de conseils nutritionnels déroutants et contradictoires. On vit dans un monde où il est extrêmement facile de comparer nos corps et nos vies avec ceux de nos amis, de notre famille, des célébrités ou même de parfaits inconnus.

On est capricieusement fasciné par les tous derniers superaliments (c'est quoi cette semaine ? Le kale ? Le quinoa, les baies de goji ? Ou peut-être les graines de chia ?) et par les hashtags « thinspiration » ou « fitspiration » sur les médias sociaux (#thinspo et #fitspo). Rien d'étonnant alors à ce que beaucoup d'entre nous laissent tomber les résolutions de la nouvelle année déjà en février, en particulier celles liées à la santé ou au bien-être. Il est trop cher ou trop difficile, trop chronophage ou détournant de changer ses habitudes. Il faut trop de temps pour voir une différence. On est vaincu même avant de commencer.

Dans le monde il y a presque 2 milliards d'adultes en surpoids, dont 600 millions cliniquement obèses. A l'autre extrême, les troubles alimentaires sont en hausse, y compris chez les enfants de 10 ans. On ne parle pas seulement d'anorexie ou de boulimie, mais aussi de nouveaux troubles comme l'obsession pour une alimentation saine, qui est appelée orthorexie et qui touche les enfants, les ados et les jeunes adultes.

Il s'agit d'une grande déconnexion. Si d’un côté on n'a jamais été plus obsédé par les calories, les calculs de ses macros et la science de la nutrition, de l'autre côté on n'a jamais été plus malade : à cause de la hausse des affections chroniques, liée en grande partie à notre relation avec l'alimentation et nos styles de vie stressants.

Et en plus, selon l'American Heart Association, les emplois sédentaires ont augmenté de 83 % depuis les années 1950. On travaille un plus grand nombre d'heures et on passe plus de temps à faire la navette. Nos activités de loisirs impliquent souvent le canapé. Ça veut dire qu'on reste beaucoup assis.

Même la dépression est à la hausse, mystérieusement (ou juste pas !) en rapport avec les maladies chroniques qui frappent les populations des pays riches comme l'obésité, la cardiopathie et le cancer.

Donc voilà qu'on se retrouve « en pleine tempête » : on consomme fréquemment des aliments pauvres en éléments nutritifs mais avec beaucoup de calories. Et cela ne contribue pas beaucoup à satisfaire ou nourrir nos organismes ; on ne bouge pas suffisamment ; on est malheureux et en mauvaise condition physique. Et cette situation semble si écrasante, si impossible à réparer, qu'il est plus facile de faire semblant que rien ne se passe. On a des générations d'habitudes alimentaires et de styles de vie à annuler, mais on a peu de temps.

Toutefois, le vrai bien-être n'a peut-être rien à voir avec les dernières détox, avec la mode du fitness ou avec le nombre affiché sur le pèse-personne.

Et bien-être ne signifie pas non plus qu'il faut faire les mêmes choix que ses voisins, son meilleur ami ou son boss. Tout le monde est différent. Ce qui marche pour quelqu'un ne marche pas forcément pour quelqu'un d'autre.

Ne serait-il super de croire, comme choix de style de vie et non pas comme résolution de régime ou de fitness, qu'on puisse atteindre le bien-être dans toutes les tailles ? Et d'oublier les objectifs liés à l’apparence en se concentrant plutôt sur le fait de se sentir mieux ?

Dans cette optique, il faut travailler dur pour protéger la santé mentale plutôt que de se soucier seulement d’entrer dans son jean. La santé mentale doit en effet être à la base de tout programme de bien-être.

Et on doit bouger davantage ! Il a été démontré que l'activité physique a des bénéfices non liés à la perte de poids : elle nous aide à dormir mieux, elle nous donne plus d'énergie et en plus elle régularise notre humeur et réduit le risque de maladies chroniques.

Les êtres humains ont évolué pour manger tous les types de nourriture et, pendant des dizaines de milliers d'années, ont été des « omnivores opportunistes ». Aujourd'hui dans un monde comme le notre où abondent des aliments bon marché, riches en calories mais pauvres en substances nutritives, il faut trouver des façons de manger pour se sentir mieux et dans des quantités qui correspondent à notre niveau d'activité.

Et alors peut-être le chemin vers le bien-être commence par la compréhension que notre système alimentaire présente des défauts et que nos habitudes d'exercice physique ne sont pas optimales. Il faut alors avancer par étapes, changer peu à peu, pour s'améliorer de jour en jour, sur la base de notre corps et de nos styles de vie.